L’International Center For Journalists (ICFJ) vient de publier la première enquête mondiale consacrée à l’adoption des technologies dans les rédactions. Plus de 2.000 journalistes de 130 pays y ont participé et, malgré des disparités entre les continents, une constante est observée : la technologie s’est bel et bien installée dans les rédactions mais il reste du chemin à parcourir pour tirer parti de l’association des univers techniques et journalistiques : « de nombreuses rédactions à travers le monde sont à la traîne en ce qui concerne la nouvelle technologie et l’état d’esprit numérique », conclut le rapport.
Parmi l’avalanche de chiffres publiée dans ce rapport, certains interpellent plus particulièrement : jusqu’à 5% des rédactions emploient du personnel diplômé en technologies, avec une moyenne globale de 2%, et seulement 9% d’entre eux sont diplômés en journalisme ou communication. Dans 82% des rédactions, 18% de l’emploi concerne des postes dédiés au numérique (médias sociaux, édition et production de contenus numériques, éditeurs analytiques). Sur les 23 compétences numériques identifiées par les auteurs de l’étude, quatre sont utilisées régulièrement : gestion des médias sociaux (72%), prises de vues numériques (61%), gestion des communautés sur les médias sociaux (58%) et distribution de contenu multiplateformes (56%). Parmi les autres compétences prévalentes, on citera également la production audio/vidéo (33%), l’utilisation d’un système de gestion de contenus (20%) et la visualisation de données (17%). Moins d’un tiers des répondants a affirmé pratiquer le journalisme de données.
A une époque caractérisée par des carrières courtes et discontinues, c’est le « jeunisme » qui domine dans les rédactions numériques : la majorité des employés y est âgée entre 25 et 29 ans, les profils hybrides se situant dans la tranche d’âge 30-35 ans. Toutefois, lorsque les rédactions sont uniquement numériques, souligne l’étude, la probabilité d’y trouver des journalistes plus âgés (51-55 ans) y est plus élevée.
En matière d’usages, ils étaient 11% à indiquer employer des outils de vérification des médias sociaux alors qu’ils sont 71% à les utiliser pour trouver des idées d’articles. Plus de la moitié des répondants ne parvient pas à sécuriser ses communications.
L’offre en formations continues ne répond pas aux demandes des journalistes. Ceux-ci souhaiteraient, par exemple, être formés au journalisme de données (52%) mais seulement 40% des rédactions le leur proposent. A l’inverse, 46% des rédactions proposent des formations à la recherche sur les médias sociaux alors que seulement 22% des journalistes estiment que celles-ci sont utiles. Les demandes non rencontrées qui sont les plus importantes portent sur la cybersécurité et la pratique du code pour le design et le développement.
Parmi les autres enseignements de cette étude, la difficulté à trouver un modèle d’affaires viable pour l’information en ligne, la publicité restant le vecteur de revenus le plus important (70%), suivie par les contenus sponsorisés (44%). Les rédactions sont également attentives aux statistiques de fréquentation de leurs médias numériques : 45% consultent ces statistiques de manière quotidienne, ces données étant essentiellement utilisées dans le but de générer du trafic.
Consulter le rapport de l’ICFJ, « The State of Technology in Global Newsrooms »