La 4ᵉ réunion régionale des conseils de presse d’Europe du Sud-Est et de Turquie, s’est tenue à Ohrid, en Macédoine du Nord, les 19 et 20 mai 2025, sous l’égid. Cet événement a rassemblé les conseils de presse et des médias de toute la région autour du thème : « Renforcer la confiance dans les médias en Europe du Sud-Est : soutenir le journalisme en tant que bien public ». Il s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne visant à promouvoir un journalisme éthique et à renforcer l’intégrité des médias dans la région, avec le Conseil de presse macédonien comme hôte et le soutien essentiel de l’UNESCO.
Au cours de ces deux journées, les conseils de presse ont adopté une déclaration régionale sur l’usage éthique de l’IA dans les médias. La Déclaration d’Ohrid, issue de cette rencontre, réaffirme l’importance de la responsabilité éditoriale, du jugement humain et de l’éthique professionnelle, à mesure que l’IA s’intègre dans les pratiques journalistiques. Le message est clair : l’IA doit servir le journalisme, et non remplacer les journalistes.
La Déclaration d’Ohrid : 10 principes fondamentaux pour un usage éthique de l’IA dans le journalisme
La Déclaration d’Ohrid propose une vision commune pour une intégration responsable de l’IA dans les médias, fondée sur la transparence, la responsabilité et la supervision humaine. Voici les 10 principes :
- L’IA comme soutien, non comme substitut
L’IA doit assister les journalistes et les rédactions, sans jamais remplacer le jugement humain, la responsabilité éditoriale ou l’éthique professionnelle. - Transparence et signalement des contenus générés par l’IA
Les médias doivent indiquer clairement quand l’IA crée, sélectionne ou modifie un contenu – en particulier lorsque cela altère significativement le message ou la forme. Les deepfakes et les médias synthétiques doivent être étiquetés et utilisés uniquement avec une justification éthique et dans un contexte public clair. - Responsabilité éditoriale et évaluation des risques
Les rédacteurs et journalistes humains restent responsables du contenu médiatique. Une évaluation des risques doit précéder tout usage de l’IA dans des contextes sensibles comme les élections ou les crises publiques. - Crédibilité et vérification des faits
Les contenus soutenus par l’IA doivent respecter les mêmes standards de précision, de vérification et d’éthique journalistique que tout autre contenu. - Pluralisme médiatique et protection des groupes vulnérables
Les journalistes doivent être vigilants face au risque que l’IA renforce les biais, les stéréotypes ou les silos informationnels qui limitent l’accès à la diversité des points de vue. - Responsabilité et supervision interne
Les organisations médiatiques doivent établir des lignes directrices claires pour encadrer l’usage éthique et transparent des systèmes d’IA. - Vie privée et protection des données
L’usage de l’IA doit respecter les lois sur la protection des données. Aucune donnée personnelle ne doit être collectée ou traitée sans consentement éclairé et base légale claire. - Éducation et littératie en IA
Il est urgent de doter les journalistes, les professionnels des médias et le public des compétences nécessaires pour comprendre, interroger et utiliser l’IA en toute sécurité. - Modernisation des cadres éthiques
Des mécanismes efficaces doivent être mis en place pour traiter les plaintes et les violations liées à l’usage non éthique ou trompeur de l’IA dans le journalisme. - Les médias comme garants de la démocratie
L’IA doit être utilisée pour renforcer le rôle démocratique du journalisme – en favorisant la transparence et la responsabilité, et non en les obscurcissant.
La déclaration appelle à une mise à jour des codes éthiques, à une meilleure coopération entre les instances d’autorégulation, à des investissements dans la formation continue, et à la promotion de la littératie en IA pour les professionnels des médias et le grand public. C’est une avancée importante pour garantir que l’IA soutienne le journalisme en tant que bien public.
