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Le fait émergent, ou (re)penser ce qui fait le fait

Laurence Dierickx

2025-07-11

La dernière livraison de Meta Media, le cahier de tendance de France Télévisions, est consacrée à la post-réalité. Derrière ce concept, l’idée d’un monde où la frontière entre le vrai et le faux n’a de cesse de se brouiller et où les récits artificiels concurrencent ceux issus de l’expérience humaine. Les productions des IA génératives s’inscrivent dans cette perspective, nous amenant à réfléchir sur les principes de véracité et de fiabilité qui constituent les fondements de ce qui fait le fait. Pour autant, la définition du « fait » n’est pas simple, dès lors que plusieurs traditions intellectuelles – positiviste, constructiviste, institutionnelle – en proposent des interprétations différentes.

Ma contribution « Le fait émergent, ou repenser ce qui fait le fait » est nourri de mes travaux de recherche (en cours) sur la factualité, que je mène à l’Université de Bergen (Norvège) dans le cadre de l’observatoire scandinave des médias numérique et des désordres informationnels (NORDIS). La définition proposée est celle d’une information produite par un système d’intelligence artificielle générative, qui semble plausible et cohérente, mais qui n’est pas nécessairement vraie ni vérifiée. Il s’agit d’un résultat dynamique et contextuel, généré par des mécanismes probabilistes à partir des données d’entraînement du modèle, des instructions données par l’utilisateur (le prompt),et des processus internes du modèle (algorithmes de génération, pondérations, etc.). Ces faits ne correspondent pas à une réalité préexistante, mais émergent de l’interaction entre l’outil, ses données, et son utilisateur. Ils sont le produit d’un système complexe, sensible aux variations contextuelles (ex. : même prompt, réponse différente selon le modèle ou le moment).

Lire le n°24 de Meta Media « Bienvenue en post-réalité ! »

 

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