« Infodesign. Le management visuel à l’heure du Big Data » de Yann Guilain, directeur associé de la société française Digimind, propose un mode d’emploi complet de l’infodesign à travers son histoire, ses codes et ses bonnes pratiques.
Si l’utilisation d’une image comme outil de représentation mentale ou comme substitut au langage s’est développée de l’Antiquité au Moyen Age, c’est à la Renaissance que le concept d’image signifiante prend son envol. C’est l’époque des idéogrammes et des arbres de la connaissance, qui trouvent aujourd’hui un prolongement dans les sciences ou l’informatique.
L’usage des statistiques, nées dans la première moitié du 18e siècle de l’analyse de données démographiques et politiques (« number of the State », les chiffres de l’Etat), « va conditionner le développement des représentations », note l’auteur qui rend hommage à l’ingénieur et économiste William Playfair (1759-1823), à qui l’on doit la représentation des premiers graphiques en secteurs, les fameux « camemberts ». Il est considéré comme l’un des pères fondateurs des méthodes de représentation graphique actuelles.
Avec la sémiologie graphique, Jacques Bertin développe, en 1965, la théorie de la représentation visuelle de l’information. Fin de la décennie suivante, l’américain John W Turkey « lance un appel pour la reconnaissance de la visualisation de données comme branche particulière des statistiques » et crée « une large gamme de nouveaux graphiques simples et efficaces rassemblés sous l’appellation Exploratory Data Analysis (EDA) ». Les années 80 et le développement des traitements informatiques (notons la création du tableur Excell en 1985) ouvriront un nouveau chapitre de cette longue histoire : celui de l’infodesign.
L’auteur définit cette discipline comme le produit du mélange, en constante évolution, d’une pensée, de technologies, de pratiques professionnelles et d’esthétique. Quant au vocable, il désigne « le processus de représentation visuelle de données quantitatives et qualitatives, dans le but de révéler le complexe. » Et, relève-t-il, « le partage massif de données (open data) est un élément structurant de l’essor de la représentation visuelle de l’information. »
Cet ouvrage n’est pas qu’historique. Il se pose aussi en manuel pratique : outre de nombreuses références en ligne, on y retrouve des conseils à propos des pièges dans lesquels il faut éviter de tomber lorsque l’on pratique l’infodesign (trop de données, décorations inutiles, pertinence du type de graphique…).
(L.D.)
(1) éd. Ellipses, 256 pp., 25 €.
[Adaptation d’un article de l’auteure publié sur le Blog multimédia / AJP]