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Art et fonctionnalités de la visualisation de données

Laurence Dierickx

2014-09-20

The Functional ArtLa visualisation de données a pour objectifs de rendre compréhensible de grandes quantités de données qui ne pourraient pas l’être autrement et, partant, de permettre l’analyse. Mais cette discipline, qui allie art et fonctionnalités évidentes, est à mettre en relation avec le mode de perception humain : « le cerveau n’enregistre pas seulement l’information que l’on voit. Il crée aussi des images visuelles mentales », explique Alberto Cairo dans « The functional art » (non traduit), un ouvrage introductif aux graphiques d’information et aux visualisations. Alberto Cairo, qui enseigne ces matières à l’école de communication de l’Université de Miami, compte une longue carrière de praticien (notamment dans le département infographies du quotidien espagnol El Mundo).

Pour Cairo, les graphiques, tableaux et cartes ne sont pas seulement des outils destinés à être « vus » : ils doivent aussi être lus. L’erreur, pour lui, fut de longtemps considérer cette discipline comme purement ornementale au sein des rédactions. Pourtant, souligne-t-il, « la relation ente la visualisation et l’art est similaire à celle entre le journalisme et la littérature. » Il développe son propos en quatre parties complémentaires : « fondations », « cognition », « pratique » et « profils ». S’appuyant sur de nombreux exemples, il démontre l’inefficacité des « bubble charts », graphiques à bulles qui souffrent d’un manque de précision et qui ne permettent pas d’établir des comparaisons efficaces (à l’inverse des graphiques à barre).

« La visualisation n’est pas quelque chose qui se passe sur une page ou un écran ; ça se passe dans l’esprit »

Comment apprécier la valeur informative d’une visualisation ? « Les graphique ne doivent pas simplifier les messages. Ils doivent les clarifier », analyse Cairo, qui explique quels processus sont mis en œuvre dans le cerveau à partir du moment où l’œil est confronté à une visualisation. Ces processus cognitifs ont par exemple été étudiés au début des années 1920, en Allemagne, par l’école de la Gestalt. Ses principaux principes s’appuient sur le fait que le cerveau humain ne perçoit pas les taches de couleur et les formes comme des entités individuelles mais comme des agrégats. Aussi, les objets proches les uns des autres ont tendance à être perçus comme appartenant à un même groupe. Les travaux de Wiliam S. Cleveland et de Robert MacGill, trois décennies plus tard ont mis en lumière des principes élémentaires de perception visuelle position, échelle, longueur, direction, angle, zone, volume, courbe, ombrage, saturation de couleur.

En pratique

L’auteur dispense de nombreux conseils pour réaliser des visualisations efficaces. Avant toute chose, il s’agit de définir l’objet du graphique et de choisir la forme graphique qui conviendra le mieux aux données (= penser à la structure) avant de s’interroger sur le design et le style de la visualisation finale. Pour conclure, il donne la parole à des professionnels de la presse américaine, sous la forme de questions-réponses. Si la leçon d’Alberto Cairo se poursuit dans un DVD – qui consiste en deux cours d’introduction à la réalisation de graphiques d’information et en une étude de cas –, elle ne s’arrête pas là : rendez-vous sur le site www.thefunctionalart.com.

(L.D.)

 

Alberto Cairo. « The functional art », New Riders, 2012, 364pp.

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