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Le code, c’est la loi

Laurence Dierickx

2014-08-08

Code V2, Lawrence Lessig« Le code régule. Il implémente – ou non – un certain nombre de valeurs. Il garantit certaines libertés, ou les empêche. Il protège la vie privée, ou promeut la surveillance. Des gens décident comment le code va se comporter. Des gens l’écrivent. La question n’est donc pas de savoir qui décidera de la manière dont le cyberespace est régulé : ce seront les codeurs. La seule question est de savoir si nous aurons collectivement un rôle dans leur choix – et donc dans la manière dont ces valeurs sont garanties – ou si nous laisserons aux codeurs le soin de choisir nos valeurs à notre place. » (Lawrence Lessig, « Code is law », Harvard Magazine, janvier 2000 – traduction disponible ici).

De « Code is law », publié en 1999, à sa deuxième édition mise à jour « Code. Version 2.0. », sortie six ans plus tard, les travaux de Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard, sont plus que jamais d’actualité dans un contexte où la surveillance de masse met à mal les concepts de liberté d’expression et de vie privée. Pour Lessig, le code s’oppose à la croyance commune selon laquelle le cyberespace peut échapper à tout contrôle ou censure. Quelles libertés garantit-il ? Quel type de code gouverne l’espace numérique, où l’anonymat n’existe que si on a la force à l’aide de proxys, et qui le contrôle ?

Contrôle et régulation

« Nous devons comprendre comment le code régule », souligne Lessig. « Certaines architectures du cyberespace sont plus régulables que d’autres, certaines permettent un meilleur contrôle que d’autres. (…) Et la régulation du code permet de rendre les comportements encore plus régulables. » Placé sous influences commerciales, voire gouvernementales, le code fait partie d’une architecture globale, celle du Net, dont « le code élémentaire est constitué d’un ensemble de protocoles TCP/IP qui permettent l’échange de données entre réseaux interconnectés », lesquels n’ont « pas connaissance du contenu des données ». Mais « le code n’est pas figé », prévient-il, « l’architecture du cyberespace n’est pas définitive » et « la loi du cyberspace dépendra de la manière dont il est codé. » s’emparer de la régulation du code permet de mieux réguler. « Sur internet en général, le code embarque des valeurs. Il permet ou non un certain contrôle. (…) Le code est régulable seulement parce que ceux qui l’écrivent peuvent être contrôlés. »

Dans le cyberespace, la régulation des comportements s’articule en quatre axes : celui de la loi, celui des normes, celui du marché, et celui de l’architecture (software et hardware). Parmi les différents enjeux soulevés par Lessig, celui de la propriété intellectuelle qui, grâce au code, peut être mieux protégée. Celui, aussi, de la vie privée, notion de plus en plus volatile en raison de ces millions de traces semées derrière eux par de nombreux internautes et qui constituent le matériau de base pour le profilage. Des données qui sont « extrêmement précieuses, et davantage pour le commerce que pour les gouvernements » et dont le « mauvais usage » n’est pas garanti. Il examine également le P3P, spécification du W3C visant à standardiser la manière dont un site web peut informer en matière de protection des données personnelles.

Lawrence Lessig aborde également les questions de la propriété intellectuelle ; du contrôle collaboratif que permettent les wikis ; de la pornographie et des spams qui sont « régulés différemment dans le cyberespace » à l’aide de filtres.

Ecrit en partie grâce à un wiki collaboratif, Code. Version 2.0 est disponible au format papier broché (payant) et en version numérique (PDF, gratuit), dans un distribution sous licence 2.5 Creative Commons Attribution-ShareAlike.

(L.D.)

Lawrence Lessig. « Code Version 2.0 », Basic Books, 2006, 410pp.

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